Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée

ouvrent la bouche, tout est perdu. Vous entendez : Sacresti !

que c’est bien dansé ! ou bien : Il fait un chaud du diable ! Vous sortez, des voitures brillantes et bruyantes reçoivent tout ce beau monde, et les braves gens s’en retournent à pied, et se vengent par des sarcasmes des éclaboussures qu’ils reçoivent. On crie : Place à M. le fournisseur des prisons !Place à M. le brise-scellés ! « Mais ils vont toujours et s’en moquent. Quoique tout soit renversé, on peut encore dire comme autrefois : L’honnête homme à pied et le faquin en litière. Ce sont d’autres faquins, voilà tout.

« Adieu, ma bonne mère. J’irai encore ce soir à l’Opéra. Ce matin, M. Heckel me fait diner avec M. le duc. Je t’embrasse comme je t’aime. » « Le 15.

« Quoiqu’à pied, l’honnête homme se moque bien à Paris du mauvais temps ! Il y a tant de choses à faire et à voir ! Le matin je vais au Salon ; de trois à six heures, je dîne longuement en bonne compagnie ; le soir je vais au spectacle. J’ai dîné chez madame de Ferrières avec toutes tes amies ; j’ai été reçu à bras ouverts ! Ah ! comme on a parlé de toi ! Le diner était délicieux, servi en argenterie. La république n’a pas tout pris. Les vins parfaits. Il y avait des jeunes gens très gais, et nous avons fait rire aux éclats même M. de la Dominière. J’ai été le soir à la rue Feydeau, voir l’Ecole des Pères et les Fausses Confidences. Cette dernière pièce est absolument jouée comme avant 93 : Fleuri avait le même habit ; Dazincourt aussi. » « Le 17.

« Que tu es bonne de vouloir t’ennuyer encore dans ta solitude pour me laisser quelques jours de plus à Paris ! Quelle trop bonne mère ! Si tu y étais avec moi, je m’y amuserais bien davantage. Aujourd’hui, j’ai joint l’utile à l’agréable, et il me semble que je suis au-dessus de