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qu’on appelle le roman historique, j’étudierai le détail de l’histoire et je devinerai par la pensée la pensée des hommes qui ne sont plus.

Quand ma résolution fut mûre d’aller tenter la fortune, c’est-à-dire les mille écus de rente que j’avais toujours rêvés, la déclarer et la suivre fut l’affaire de trois jours. Mon mari me devait une pension de quinze cents francs. Je lui demandai ma fille, et la permission de passer à Paris deux fois trois mois par an, avec deux cent cinquante francs par mois d’absence. Cela ne souffrit aucune difficulté. Il pensa que c’était un caprice dont je serais bientôt lasse.

Mon frère, qui pensait de même, me dit :

« Tu t’imagines vivre à Paris avec un enfant moyennant deux cent cinquante francs par mois ! C’est trop risible, toi qui ne sais pas ce que coûte un poulet ! Tu vas revenir avant quinze jours les mains vides, car ton mari est bien décidé à être sourd à toute demande de nouveau subside. — C’est bien, lui répondis-je, j’essaierai. Prête-moi pour huit jours l’appartement que tu occupes dans ta maison de Paris et garde-moi Solange jusqu’à ce que j’aie un logement. Je reviendrai effectivement bientôt. »

Mon frère fut le seul qui essaya de combattre ma résolution. Il se sentait un peu coupable du dégoût que m’inspirait ma maison. Il n’en voulait pas convenir avec lui-même, et il en convenait avec moi à son insu. Sa femme comprenait mieux