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sournoisement vos rêveries. Mais est-il possible que vous ayez pensé à tant de choses, retourné tant de questions et avalé tant de couleuvres psychologiques, sans que personne s’en soit jamais douté ? »

J’arrivais donc à Paris, c’est-à-dire au début d’une nouvelle phase de mon existence, avec des idées très arrêtées sur les choses abstraites à mon usage, mais avec une grande indifférence et une complète ignorance des choses de la réalité. Je ne tenais pas à les savoir ; je n’avais de parti pris sur quoi que ce soit, dans cette société à laquelle je voulais de moins en moins appartenir. Je ne comptais pas la réformer ; je ne m’intéressais pas assez à elle pour avoir cette ambition. C’était un tort sans doute que ce détachement et cette paresse : mais c’était l’inévitable résultat d’une vie d’isolement et d’apathie.

Un dernier mot pourtant sur le catholicisme orthodoxe. En passant légèrement sur l’abandon du culte extérieur, je ne prétends pas faire aussi bon marché de la question de culte en général que j’ai peut-être eu l’air de le dire. Raconter et juger est un travail simultané peu facile, quand on ne veut pas s’arrêter trop souvent et lasser la patience du lecteur.

Disons donc ici très vite que la nécessité des cultes n’est pas encore chose jugée pour moi, et que je vois aujourd’hui autant de bonnes raisons pour l’admettre que pour la rejeter. Cependant,