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CHAPITRE VINGT-CINQUIÈME.[1]

Coup d’œil rétrospectif sur quelques années esquissées dans le précédent chapitre. — Intérieur troublé. — Rêves évanouis. — Ma religion. — Question de la liberté de s’abstenir de culte extérieur. — Mort douce d’une idée fixe. — Mort d’un cricri. — Projets d’un avenir à ma guise, vagues, mais persistans. — Pourquoi ces projets. — La gestion d’une année de revenu. — Ma démission. — Sorte d’interdiction de fait. — Mon frère et sa passion fâcheuse. — Les vents salés, les figures salées. — Essai d’un petit métier. — Le musée de peinture. — Révélation de l’art, sans certitude d’aucune spécialité. — Inaptitude pour les sciences naturelles, malgré l’amour de la nature. — On m’accorde une pension et la liberté. — Je quitte Nohant pour trois mois.


J’avais énormément vécu dans ce peu d’années. Il me semblait même avoir vécu cent ans sous l’empire de la même idée, tant je me sentais lasse d’une gaîté sans expansion, d’un intérieur sans intimité, d’une solitude que le bruit de l’ivresse rendait plus absolue autour de moi. Je

  1. Le baron Petiet me prie de rectifier des erreurs de mémoire qui le concernent. Je l’ai confondu avec son frère le général, aujourd’hui député au Corps législatif. Celui qui était aide-de-camp et beau-frère du général Colbert en 1815 n’avait alors que vingt un ans, il avait été premier page de l’empereur, il avait fait campagne et comptait déjà six blessures. Il a quitté le service en 1830.