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jours à Paris, avec ou sans mon mari. L’une eut pour but une consultation sur ma santé, qui s’était beaucoup altérée. Broussais me dit que j’avais un anévrisme au cœur ; Landré-Beauvais, que j’étais phthysique ; Rostan, que je n’avais rien du tout.

Malgré ces courts déplacemens annuels, je peux dire que, de 1826 à 1831, j’avais constamment vécu à Nohant. Jusque-là, malgré des ennuis et des chagrins sérieux, je m’y étais trouvée dans les meilleures conditions possibles pour ma santé morale. À partir de ce moment-là, l’équilibre entre les peines et les satisfactions se trouva rompu. Je sentis la nécessité de prendre un parti. Je le pris sans hésiter, et mon mari y donna les mains : j’allai vivre à Paris avec ma fille, moyennant un arrangement qui me permettait de revenir tous les trois mois passer trois mois à Nohant ; et, jusqu’au moment où Maurice entra au collége à Paris, je suivis très exactement le plan que je m’étais tracé. Je le laissais entre les mains d’un précepteur qui était avec nous déjà depuis deux ans, et qui a toujours été, depuis ce temps-là, un de mes amis les plus sûrs et les plus parfaits. Ce n’était pas seulement un instituteur pour mon fils, c’était un compagnon, un frère aîné, presque une mère. Pourtant il m’était impossible de me séparer de Maurice pour longtemps et de ne pas veiller sur lui la moitié de l’année.