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me tranquillisai intérieurement qu’au bout de quelques jours, en la voyant venir à merveille.

Au retour de ce temps de galop, mon frère était affamé. On se mit à table, et deux heures après, rentra chez moi tellement ivre que croyant s’asseoir sur le pied de mon lit, il tomba sur son derrière au milieu de la chambre. J’avais encore les nerfs très excités, j’eus un tel fou rire qu’il s’en aperçut et fit de grands efforts pour retrouver ses idées.

« Eh bien, je suis gris, me dit-il, voilà tout. Que veux-tu ? j’ai été très ému, très inquiet, ce matin, ensuite, j’ai été très content, très heureux, et c’est la joie qui m’a grisé ; ce n’est pas le vin, je te jure, c’est l’amitié que j’ai pour toi qui m’empêche de me tenir sur mes jambes. »

Il fallait bien pardonner en vue d’un si beau raisonnement.

Je passai l’hiver suivant à Nohant. Au printemps de 1829, j’allai à Bordeaux avec mon mari et mes deux enfans. Solange était sevrée et elle était devenue la plus robuste des deux.

À l’automne, j’allai passer à Périgueux quelques jours auprès de Félicie Mollier, une de mes amies du Berri. Je poussai jusqu’à Bordeaux pour embrasser Zoé. Le froid me prit en route, et j’en souffris beaucoup au retour.

Enfin, en 1830, je fis avec Maurice, au mois de mai, je crois, une course rapide de Nohant à Paris. J’oublie ou je confonds les époques de trois ou quatre autres apparitions de quelques