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Périgny, couple aimable et jeune, avec qui j’avais les meilleures relations de voisinage. Eux aussi voulurent ouvrir leur salon ; leur position leur en faisait une sorte de devoir, et nous convîmes de simplifier de détail des invitations en nous servant de la même liste.

Je leur communiquai la mienne, qui était fort générale, et où naturellement j’avais inscrit toutes les personnes que je connaissais tant soit peu. Mais, ô abomination, il se trouva que plusieurs des familles que j’aimais et estimais à plus juste titre étaient reléguées au second et au troisième rang dans les us et coutumes de l’aristocratie bourgeoise de La Châtre. Aussi, quand ces hauts personnages se virent en présence de leurs inférieurs, il y eut colère, indignation, malédiction sur l’arrogant sous-préfet qui n’avait agi ainsi, disait-on, que pour marquer son mépris à tous les gens du pays, en les mettant comme des œufs dans le même panier.

La semaine suivante, Le punch est préparé ; La maîtresse est brillante, Le salon est ciré. Il vint trois invités, de chétive encolure : Dans la ville on disait : bravo ! On donne un bal incognito À la sous-préfecture.

Ce couplet d’une chanson que je fis le soir même avec Duteil, contient en peu de mots le récit véridique de l’immense événement. En la