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par les orages et les éboulemens, se couvre partout de fleurs luxuriantes.

Ursule était venue vivre chez moi en qualité de femme de charge. Cela ne put durer. Il y eut incompatibilité d’humeur entre elle et mon mari. Elle m’en voulut un peu de ne pas m’être prononcée pour elle. Elle me quitta presque fâchée, et puis, tout aussitôt, elle comprit que je n’avais pas dû agir autrement et me rendit son amitié, qui ne s’est jamais démentie depuis. Elle se maria à La Châtre avec un excellent homme qui l’a rendue heureuse, et elle est maintenant le seul être avec qui je puisse, sans lacune notable, repasser toute ma vie, depuis la première enfance jusqu’au demi-siècle accompli.

Les élections de 1827 signalèrent un mouvement d’opposition très marqué et très général en France. La haine du ministère Villèle produisit une fusion définitive entre les libéraux et les bonapartistes, qu’ils fussent noblesse ou bourgeoisie. Le peuple resta étranger au débat dans notre province ; les fonctionnaires seuls luttaient pour le ministère ; pas tous, cependant. Mon cousin Auguste de Villeneuve vint du Blanc voter à La Châtre, et, quoique fonctionnaire éminent (il était toujours trésorier de la ville de Paris), il se trouva d’accord avec mon mari et ses amis pour nommer M. Duris-Dufresne. Il passa quelques jours chez nous et me témoigna, ainsi qu’à Maurice, qu’il appelait son grand-oncle, beaucoup d’affection.