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Reynaud, et puis Leibnitz encore, voilà les principaux repères qui m’ont empêchée de trop flotter dans ma route à travers les diverses tentatives de la philosophie moderne. De ces grandes lumières, je n’ai pas tout absorbé en moi à dose égale, et je n’ai pas même gardé tout ce que j’avais absorbé à un moment donné. Ce qui le prouve, c’est la fusion, qu’à une certaine distance de ces diverses phases de ma vie intérieure j’ai pu faire en moi de ces grandes sources de vérité, cherchant sans cesse, et m’imaginant parfois trouver le lien qui les unit, en dépit des lacunes qui les séparent. Une doctrine toute d’idéal et de sentiment sublime, la doctrine de Jésus, les résume encore, quant aux points essentiels, au-dessus de l’abîme des siècles. Plus on examine les grandes révélations du génie, plus la céleste révélation du cœur grandit dans l’esprit, à l’examen de la doctrine évangélique.

Ceci n’est peut-être pas une formule très-avancée dans l’opinion de mon siècle. Le siècle ne va pas de ce côté-là pour le moment. Peu importe, les temps viendront.

Terre de Pierre Leroux, Ciel de Jean Reynaud, Univers de Leibnitz, Charité de Lamennais, vous montez ensemble vers le Dieu de Jésus ; et quiconque vous lira sans s’attacher trop aux subtilités de la métaphysique et sans se cuirasser dans les armures de la discussion sortira de votre