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faite de ma personnalité. Si je la retrouvais grondeuse en moi-même, inquiète des petites choses et trop avide de repos, je savais du moins la sacrifier sans grands efforts dès qu’une occasion nette de la sacrifier utilement me rendait l’emploi lucide de mes forces intérieures. Si je n’étais pas en possession de la vertu, du moins j’étais et je suis encore, j’espère, dans le chemin qui y mène. N’étant pas une nature de diamant, je n’écris pas pour les saints. Mais ceux qui, faibles comme moi, et comme moi épris d’un doux idéal, veulent traverser les ronces de la vie sans y laisser toute leur toison, s’aideront de mon humble expérience et trouveront quelque consolation à voir que leurs peines sont celles de quelqu’un qui les sent, qui les résume, qui les raconte et qui leur crie :

« Aidons-nous les uns les autres à ne pas désespérer. »

Et pourtant ce siècle, ce triste et grand siècle où nous vivons s’en va, ce nous semble, à la dérive ; il glisse sur la pente des abîmes, et j’en entends qui me disent :

« Où allons-nous ? Vous qui regardez souvent l’horizon, qu’y découvrez-vous ? Sommes-nous dans le flot qui monte ou qui descend ? Allons-nous échouer sur la terre promise, ou dans les gouffres du chaos ? »

Je ne puis répondre à ces cris de détresse. Je ne suis pas illuminée du rayon prophétique,