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pensée s’entretient désormais aussi souvent avec les morts qu’avec les vivants.

Saintes promesses des cieux où l’on se retrouve et où l’on se reconnaît, vous n’êtes pas un vain rêve ! Si nous ne devons pas aspirer à la béatitude des purs esprits du pays des chimères, si nous devons entrevoir toujours au delà de cette vie un travail, un devoir, des épreuves et une organisation limitée dans ses facultés vis-à-vis de l’infini, du moins il nous est permis par la raison, et il nous est commandé par le cœur de compter sur une suite d’existences progressives en raison de nos bons désirs. Les saints de toutes les religions qui nous crient du fond de l’antiquité de nous dégager de la matière pour nous élever dans la hiérarchie céleste des esprits ne nous ont pas trompés quant au fond de la croyance admissible à la raison moderne. Nous pensons aujourd’hui que, si nous sommes immortels, c’est à la condition de revêtir sans cesse des organes nouveaux pour compléter notre être qui n’a probablement pas le droit de devenir un pur esprit ; mais nous pouvons regarder cette terre comme un lieu de passage et compter sur un réveil plus doux dans le berceau qui nous attend ailleurs. De mondes en mondes, nous pouvons, en nous dégageant de l’animalité qui combat ici-bas notre spiritualisme, nous rendre propres à revêtir un corps plus pur, plus approprié aux besoins de l’âme, moins combattu et moins entravé par les