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bien souffert et qui ne faillira pas à ses devoirs. Ma belle-sœur Émilie vit encore plus près de moi, à la campagne. Longtemps victime des égarements d’un être aimé, elle se repose de ses longues fatigues. C’est une amie sévère et parfaite, une âme droite et un esprit nourri de bonnes lectures.

Ma bonne Ursule est toujours là aussi dans cette petite ville où j’ai cultivé si longtemps tant de douces et durables affections. Mais, hélas ! la mort ou l’exil ont fauché autour de nous ! Duteil, Planet et Néraud ne sont plus. Fleury a été expulsé comme tant d’autres pour cause d’opinions, bien qu’il n’eût pas même été en situation d’agir contre le gouvernement actuel. Je ne parle pas de tous mes amis de Paris et du reste de la France. On a fait jusqu’à un certain point la solitude autour de moi, et ceux qui ont échappé, par hasard ou par miracle, à ce système de proscriptions décrétées souvent par la réaction passionnée et les rancunes personnelles des provinces, vivent comme moi de regrets et d’aspirations.

Pour asseoir, en terminant ce récit, la situation de ceux de mes amis d’enfance qui y ont figuré, je dirai que la famille Duvernet habite toujours la charmante campagne où dès mon enfance je l’ai vue. Mon excellente maman madame Decerfz est aussi à la Châtre pleurant ses enfants exilés. Rollinat est toujours à Châteauroux,