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Installée dans une maison charmante et dans un lieu magnifique, objet des plus doux soins et favorisée des leçons particulières de M. Bascans, un homme de vrai mérite, elle daigna enfin s’apercevoir que la culture de l’intelligence pouvait bien être autre chose qu’une vexation gratuite. Car tel était le thème de cette raisonneuse ; elle avait prétendu jusque-là qu’on avait inventé les connaissances humaines dans l’unique but de contrarier les petites filles.

Ce parti de me séparer d’elle de nouveau étant pris (avec plus d’effort et de regret que je ne voulus lui en montrer), je vécus alternativement à Nohant l’été, et à Paris l’hiver, sans me séparer de Maurice, qui savait s’occuper partout et toujours. Chopin venait passer trois ou quatre mois chaque année à Nohant. J’y prolongeais mon séjour assez avant dans l’hiver, et je retrouvais à Paris mon malade ordinaire, c’est ainsi qu’il s’intitulait, désirant mon retour, mais ne regrettant pas la campagne, qu’il n’aimait pas au delà d’une quinzaine, et qu’il ne supportait davantage que par attachement pour moi. Nous avions quitté les pavillons de la rue Pigale, qui lui déplaisaient, pour nous établir au square d’Orléans, où la bonne et active Marliani nous avait arrangé une vie de famille. Elle occupait un bel appartement entre les deux nôtres. Nous n’avions qu’une grande cour, plantée et sablée, toujours propre, à traverser pour nous