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je serais restée inerte ou devenue folle, je me tuais à lasser la résistance, ne sachant pas la briser.

Plus tard j’ai appris à lire à ma petite-fille, et j’ai eu de la patience, quoique je l’aimasse passionnément aussi ; mais j’avais beaucoup d’années de plus !

Dans l’irrésolution où je fus quelque temps relativement à l’arrangement de ma vie, en vue du mieux possible pour ces chers enfants, une question sérieuse fut débattue dans ma conscience. Je me demandai si je devais accepter l’idée que Chopin s’était faite de fixer son existence auprès de la mienne. Je n’eusse pas hésité à dire non si j’eusse pu savoir alors combien peu de temps la vie retirée et la solennité de la campagne convenaient à sa santé morale et physique. J’attribuais encore son désespoir et son horreur de Majorque à l’exaltation de la fièvre et à l’excès de caractère de cette résidence. Nohant offrait des conditions plus douces, une retraite moins austère, un entourage sympathique et des ressources en cas de maladie. Papet était pour lui un médecin éclairé et affectueux. Fleury, Duteil, Duvernet et leurs familles, Planet, Rollinat surtout, lui furent chers à première vue. Tous l’aimèrent aussi et se sentirent disposés à le gâter avec moi.

Mon frère était revenu habiter le Berry. Il était fixé dans la terre de Montgivray, dont sa