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vertu qu’il ait été donné à ce siècle de comprendre. Là, jamais une erreur, jamais une défaillance dans cette abnégation absolue, dans ce courage calme et doux, dans ces tendres consolations données par lui-même aux cœurs brisés par sa souffrance. Les lettres de Barbès à ses amis sont dignes des plus beaux temps de la foi. Mûri par la réflexion, il s’est élevé à l’appréciation des plus hautes philosophies ; mais, supérieur à la plupart de ceux qui instruisent et qui prêchent, il s’est assimilé la force du stoïque unie à l’humble douceur du vrai chrétien. C’est par là que, sans être créateur dans la sphère des idées, il s’est égalé sans le savoir aux plus grands penseurs de son époque. Chez lui la parole et la pensée des autres ont été fécondes ; elles ont germé et grandi dans un cœur si pur et si fervent que ce cœur est devenu un miroir de la vérité, une pierre de touche pour les consciences délicates, un rare et véritable sujet de consolation pour tous ceux qui s’épouvantent de la corruption des temps, de l’injustice des partis et de l’abattement des esprits dans les jours d’épreuve et de persécution.