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revoir avec Maurice tous les beaux édifices et tous les beaux tableaux que possède cette charmante ville.

Au retour, nous eûmes en mer un rude coup de vent. Chopin en fut assez malade, et nous prîmes quelques jours de repos à Marseille chez l’excellent docteur.

Marseille est une ville magnifique qui froisse et déplaît au premier abord par la rudesse de son climat et de ses habitants. On s’y fait pourtant, car le fond de ce climat est sain et le fond de ces habitants est bon. On comprend qu’on puisse s’habituer à la brutalité du mistral, aux colères de la mer, et aux ardeurs d’un implacable soleil, quand on trouve là, dans une cité opulente, toutes les ressources de la civilisation à tous les degrés où l’on peut se les procurer, et quand on parcourt, sur un rayon de quelque étendue, cette Provence aussi étrange et aussi belle en bien des endroits que beaucoup d’endroits un peu trop vantés de l’Italie.

J’amenai à Nohant, sans encombre, Maurice guéri, et Chopin en train de l’être. Au bout de quelques jours, ce fut le tour de Maurice d’être le plus malade des deux. Le cœur reprenait trop de plénitude. Mon ami Papet, qui est excellent médecin et qui, en raison de sa fortune, exerce la médecine gratis pour ses amis et pour les pauvres, prit sur lui de changer radicalement son régime. Depuis deux ans on le tenait aux