Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/572

Cette page n’a pas encore été corrigée

à la suite de sa première maternité, son père à peu près dans le même temps.

Nous fîmes un grand détour, voyageant pour voyager. Nous revîmes à Lyon notre amie l’éminente artiste madame Montgolfier, Théodore de Seynes, etc., et descendîmes le Rhône jusqu’à Avignon, d’où nous courûmes à Vaucluse, une des plus belles choses du monde, et qui mérite bien l’amour de Pétrarque et l’immortalité de ses vers. De là, traversant le Midi, saluant le pont du Gard, nous arrêtant quelques jours à Nîmes pour embrasser notre cher précepteur et ami Boucoiran et pour faire connaissance avec madame d’Oribeau, une femme charmante que je devais conserver pour amie, nous gagnâmes Perpignan, où dès le lendemain nous vîmes arriver Chopin. Il avait très-bien supporté le voyage. Il ne souffrit pas trop de la navigation jusqu’à Barcelone, ni de Barcelone jusqu’à Palma. Le temps était calme, la mer excellente ; nous sentions la chaleur augmenter d’heure en heure. Maurice supportait la mer presque aussi bien que moi ; Solange moins bien ; mais, à la vue des côtes escarpées de l’île, dentelées au soleil du matin par les aloès et les palmiers, elle se mit à courir sur le pont, joyeuse et fraîche comme le matin même.

J’ai peu à dire ici sur Majorque, ayant écrit un gros volume sur ce voyage. J’y ai raconté mes angoisses relativement au malade que j’accompagnais.