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Éverard eut la simplicité de le croire sur des commentaires de province.

Mais, pour être dans la vérité et dans la sincérité absolue, je dus ne pas lui cacher que si j’avais eu cette influence et si j’avais été consultée, ou, pour mieux dire, si j’avais été le ministre en personne, je n’eusse pas raisonné ni agi autrement que n’avait fait le ministre. Je poussai la loyauté jusqu’à lui écrire que M. Ledru-Rollin ayant pris cette détermination et la déclarant après coup dans une conversation à laquelle je me trouvais présente, j’avais trouvé sérieux et justes les motifs qu’il en avait donnés. — Éverard, je l’ai dit déjà, et je le lui disais à lui-même, avait été surpris par la république dans une phase d’antipathie marquée pour les idées qui devaient, qui eussent dû faire vivre la république. Il eût pu redevenir l’homme du lendemain ; mobile et sincère comme il l’était, on ne devait guère être en peine de son retour, et, dans tous les cas, on pouvait bien l’attendre sans compromettre l’avenir d’une puissance comme la sienne. Mais, à coup sûr, il n’était pas l’homme de ce jour-là, du jour où nous étions, jour de foi entière et d’aspiration illimitée vers des principes rejetés la veille par Éverard.

Je ne m’étais pas trompée. Sous la pression des circonstances, Éverard était à un des faîtes de la montagne, lorsque la violence des événements