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et pour toute vengeance il porta le deuil de Carrel.

Ce n’était donc pas là le motif de notre antipathie, et Éverard lui-même, en pleurant Carrel qu’il chérissait, rendait justice à la loyauté de l’adversaire, quand il était de sang-froid. Mais il nous semblait voir, dans ce génie pratique qui commençait à se révéler, l’ennemi né de nos utopies. Nous ne nous trompions pas. Un abîme nous séparait alors. Nous sépare-t-il encore ? Oui, sur des questions de sentiment, sur des rêves d’idéal ? et, quant à moi, sur la question du mariage, après mûre réflexion, je n’hésite pas à le dire. M. de Girardin socialiste, c’est-à-dire touchant aux questions vitales de la famille dans un livre admirable quant à la politique et à l’esprit des législations, laisse dans l’ombre ou jette dans de téméraires aperçus ce grand dogme de l’amour et de la maternité. Il n’admet qu’une mère et des enfants dans la constitution de la famille. J’ai dit plus haut, je dirai encore ailleurs, toujours et partout, qu’il faut un père et une mère.

Mais une discussion nous mènerait trop loin, et tout ceci est une digression à mon histoire. Je ne la regrette pas, et je ne la retranche pas ; mais il faut que, remettant encore à un autre cadre l’appréciation de cette nouvelle figure historique, apparue un instant dans mon récit, je résume ce peu de pages.