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aurait pu être illuminé de quelque grande lumière.

Mais il est certain qu’en 1847 Émile de Girardin était, relativement au mouvement accompli dans les esprits et dans le sien propre depuis dix ans, ce qu’était Armand Carrel dix ans auparavant.

Il l’a dépassé depuis, relativement et réellement : il l’a immensément dépassé.

Ce n’est pas un vain parallèle que je veux établir ici entre deux caractères très-opposés dans leurs instincts et deux talents très-différents dans leurs manières. C’est un rapprochement qui me frappe, qui m’a frappée souvent et qui me semble amené par la fatalité des situations.

Carrel, sous la république se fût prononcé pour la présidence, à moins que Carrel n’eût bien changé ! Carrel eût peut-être été président de la république. M. de Girardin eût probablement soutenu un autre candidat ; mais ce n’est pas la question de l’institution qui les eût divisés.

Jusque-là, sans s’en apercevoir, M. de Girardin n’avait donc pas été plus loin que Carrel, mais personne dans nos rangs ne s’apercevait que Carrel n’avait pas été plus loin que M. de Girardin.

Je n’ai pas connu particulièrement Carrel. Je ne lui ai jamais parlé, bien que je l’aie rencontré souvent ; mais je me rappellerai toute ma vie une heure de conversation entre Éverard et lui,