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même, et il accepta enfin cette solution par un contrat définitif, en 1838. Il me fit demander une somme de cinquante mille francs moyennant laquelle il me rendit la jouissance de l’hôtel de Narbonne, patrimoine de mon père, et celle beaucoup plus précieuse de garder et gouverner mes deux enfants comme je l’entendrais. Je vendis le coupon de rente qui avait constitué en partie la pension de ma mère ; nous signâmes cet échange, enchantés l’un et l’autre de notre lot[1].

Quant à l’argent, le mien ne valait pas grand’chose, en égard au présent. Le collége de Narbonne, maison historique fort vieille, avait été si peu entretenu et réparé, qu’il me fallut y dépenser près de cent mille francs pour le remettre en bon rapport. Je travaillai dix ans pour payer cette somme et faire de cette maison la dot de ma fille.

Mais, au milieu des grands embarras que me suscitèrent mes petites propriétés, je ne perdis pas courage. J’étais devenue à la fois père et mère de famille. C’est beaucoup de fatigue et de souci quand l’héritage n’y suffit pas, et qu’il faut exercer une industrie absorbante, comme l’est celle d’écrire pour le public. Je ne sais ce que je serais devenue si je n’avais pas

  1. Depuis ce temps nous n’avons eu ensemble que de bons rapports. Il est venu à Nohant pour le mariage de ma fille.