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et femmes ; bons enfans, actifs et jeunes, même les vieux, vivant en bonne intelligence, sans distinction de caste et sans querelles d’opinion. Je n’ai gardé de ce pays-là que des souvenirs doux et charmans.

J’espérais voir à Nérac ma chère Fanelly, devenue Mme le Franc de Pompignan. Elle était à Toulouse ou à Paris, je ne sais plus. Je ne trouvai que sa sœur Aména, une charmante femme aussi, avec qui j’eus le plaisir de parler du couvent.

Nous allâmes achever l’hiver à Bordeaux, où nous trouvâmes l’agréable société des eaux de Cauterets, et où je fis connaissance avec les oncles, tantes, cousins et cousines de mon mari, tous gens très honorables et qui me témoignèrent de l’amitié.

Je voyais tous les jours ma chère Zoé, ses sœurs et ses frères. Un jour que j’étais chez elle sans Maurice, mon mari entra brusquement, très pâle, en me disant :

« Il est mort ! »

Je crus que c’était Maurice ; je tombai sur mes genoux. Zoé, qui comprit et entendit ce qu’ajoutait mon mari, me cria vite :

« Non, non, votre beau-père ! »

Les entrailles maternelles sont féroces : j’eus un violent mouvement de joie ; mais ce fut un éclair. J’aimais véritablement mon vieux papa, et je fondis en larmes.

Nous partîmes le jour même pour Guillery, et nous passâmes une quinzaine auprès de Mme Dudevant.