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Il n’avait donc d’autre projet à l’égard de Maurice que celui d’en faire un collégien et plus tard un militaire, et en enlevant Solange il n’avait pas d’autre intention, il me l’a dit lui-même ensuite, que celle de me la faire chercher.

J’aurais dû me le dire à moi-même et me tranquilliser ; mais les circonstances de cet enlèvement se présentèrent à mon esprit d’une manière poignante, et, dans la réalité, elles avaient été plus dramatiques que de besoin. La gouvernante avait été frappée et ma pauvre petite, épouvantée, avait été emmenée de force en poussant des cris dont toute la maison était encore consternée. Solange n’avait pourtant pas été prévenue par moi contre son père, comme il se l’imaginait. Pendant la lutte avec Marie-Louise Rollinat et madame Rollinat la mère, qui se trouvait là, elle s’était jetée aux genoux de son père en criant :

« Je t’aime, mon papa, je t’aime, ne m’emmène pas ! » La pauvre enfant, ne sachant rien, ne comprenait rien.

Les lettres qui me racontaient cette nouvelle aventure me donnèrent la fièvre. Je courus à Paris, je confiai Maurice à mon ami M. Louis Viardot, j’allai trouver le ministre, je me mis en règle ; je me fis accompagner d’un autre ami et du maître clerc de mon avoué, M. Vincent, un excellent jeune homme, plein de cœur et de zèle, aujourd’hui avocat. Je partis en poste, courant jour et nuit vers Guillery. Pendant ces