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m’avait signalée. J’espérais toujours arriver à ce à quoi je suis arrivée plus tard, à m’entendre avec lui sur ce qui était avantageux, nécessaire à l’éducation et à la santé de notre fils. Qu’au lieu d’aller le chercher en Berry mystérieusement et en mon absence, il me l’eût réclamé ouvertement, je l’aurais soumis devant lui à l’examen de médecins choisis par lui, et il se fût convaincu de l’impossibilité de le remettre au collége.

Quoi qu’il en soit, il crut tirer une vengeance légitime de ce qui n’était chez moi qu’une inquiétude irrésistible, de ce qui à ses yeux fut un désir de le blesser. Quand l’âme est aigrie, elle se croit fondée à avoir les torts qu’elle suppose aux autres.

Jamais M. Dudevant n’avait témoigné le moindre désir d’avoir Solange près de lui. Il avait coutume de dire :

« Je ne me mêle pas de l’éducation des filles, je n’y entends rien. »

S’entendait-il davantage à celle des garçons ? Non, il avait trop de rigidité dans la volonté pour supporter les inconséquences sans nombre, les langueurs et les entraînemens de l’enfance. Il n’a jamais aimé la contradiction, et qu’est ce qu’un enfant, sinon la contradiction vivante de toutes les prévisions et intentions paternelles ? D’ailleurs, ses instincts militaires ne le portaient pas à s’amuser de ce que l’enfance a d’ennuyeux et d’impatientant pour toute autre indulgence que celle d’une mère.