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à Fontainebleau, où je passai quelques jours tête à tête avec Maurice. Il se portait bien, la chaleur avait dissipé les rhumatismes. Gaubert, qui vint l’y voir, ne le trouvait cependant pas guéri. Le cœur avait encore des battemens irréguliers. Il fallait la continuation du régime, l’exercice continuel et pas la moindre fatigue d’esprit. Nous nous levions avec le jour et nous partions jusqu’à la nuit sur de petits chevaux de louage, tous deux seuls, allant à la découverte dans cette admirable forêt pleine de sites imprévus, de productions variées, de fleurs splendides et de papillons merveilleux pour mon jeune naturaliste, qui pouvait se livrer à l’observation et à la chasse en attendant l’étude. Il avait le goût de cette science et celui du dessin depuis qu’il était au monde. C’était un préservatif contre l’ennui d’une inaction forcée que de jouir de la nature comme il savait déjà en jouir.

Mais à peine étais-je remise de la crise qui venait de m’ébranler, qu’une alerte nouvelle vint me surprendre. M. Dudevant avait été en Berry, et n’y trouvant pas Maurice, il avait emmené Solange.

Comment avait-il pu s’imaginer que j’avais soustrait Maurice à sa velléité de le reprendre, pour lui jouer un mauvais tour ? Je ne prétendais le lui cacher que le temps nécessaire pour laisser passer la mauvaise disposition que mon frère