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des lithographies pour m’amuser. C’était une belle vue de Suisse, avec des arbres, des montagnes, des chalets, des vaches et des cascades. Cette image-là me revient toujours, et je la vois bien plus belle qu’elle n’était. Je la vois même plus belle que la nature. Quand je ferme les yeux, je vois des paysages dont tu n’as pas d’idée, et que tu ne pourrais pas décrire ; c’est trop beau, c’est trop grand ! Et cela change à toute minute pour devenir toujours plus beau. Il faudra que j’aille à Nohant faire des grottes et des cascades dans le petit bois. À présent que Nohant n’appartient plus qu’à toi, je m’y plairai. Tu vas partir dans une quinzaine, n’est-ce pas ? Eh bien, je veux m’en aller avec toi.

Ce jour-là il faisait une chaleur écrasante, et Gaubert nous avait dit :

« Tâchez qu’elle ne veuille pas sortir en voiture, à moins qu’il ne pleuve. »

La chaleur redoublant, j’avais fait semblant d’aller chercher une voiture, et j’étais rentrée disant qu’il était impossible d’en trouver. —

« Au fait, cela m’est égal, avait-elle dit. Je me sens si bien que je n’ai plus envie de me déranger. Va-t’en voir Maurice. Quand tu reviendras, je suis sûre que tu me trouveras guérie.

Le lendemain, elle avait été parfaitement tranquille. À cinq heures de l’après-midi, elle avait dit à ma sœur :

« Coiffe-moi, je voudrais