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à votre arrivée comme à une chose étrangère à sa maladie. Écrivez-lui comme si vous ignoriez tout, et inventez un prétexte pour venir à Paris.

« Le lendemain il m’écrivait :

« Tardez encore un peu, elle se méfie. Nous ne sommes pas sans espoir de la sauver. »

Mme d’Agoult partait pour l’Italie. Je confiai Maurice à Gustave Papet, qui demeurait à une demi-lieue de Nohant : je laissai Solange à Mlle Rollinat, qui faisait son éducation à Nohant, et je courus chez ma mère.

Depuis mon mariage, je n’avais plus de sujets immédiats de désaccord avec elle, mais son caractère agité n’avait pas cessé de me faire souffrir. Elle était venue à Nohant, et s’y était livrée à ses involontaires injustices, à ses inexplicables susceptibilités contre les personnes les plus inoffensives. Et pourtant, dès ce temps-là, à la suite d’explications sérieuses, j’avais pris enfin de l’ascendant sur elle. D’ailleurs, je l’aimais toujours avec une passion instinctive que ne pouvaient détruire mes trop justes sujets de plainte. Ma renommée littéraire produisait sur elle les plus étranges alternatives de joie et de colère. Elle commençait par lire les critiques malveillantes de certains journaux et leurs insinuations perfides sur mes principes et sur mes mœurs. Persuadée aussitôt que tout cela était mérité, elle m’écrivait ou accourait chez moi pour m’accabler de reproches, en m’envoyant ou m’apportant