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songes agités, il criait, lui, Nohant ! Nohant ! ! d’une voix déchirante. C’était une idée fixe, il croyait que tant qu’il ne serait pas là son père viendrait le reprendre.

« Cet enfant ne respire que par votre souffle, me disait Gaubert, vous êtes le médecin qu’il lui faut. »

Nous fîmes le voyage en poste, à courtes journées, avec Solange. Maurice recouvra vite un peu de sommeil et d’appétit ; mais un rheumatisme aigu dans tous les membres et de violentes douleurs de tête revinrent souvent l’accabler. Il passa le reste de l’hiver dans ma chambre, et pendant six mois nous ne nous quittâmes pas d’une heure. Son éducation classique dut être interrompue ; il n’y avait aucun moyen de le remettre aux études du collége sans lui briser le cerveau.

Mme d’Agoult vint passer chez moi une partie de l’année. Liszt, Charles Didier, Alexandre Rey et Bocage y vinrent aussi. Nous eûmes un été magnifique, et le piano du grand artiste fit nos délices. Mais à ce temps de soleil splendide, consacré à un travail paisible et à de doux loisirs, succédèrent des jours bien douloureux.

Je reçus un jour, au milieu du dîner, une lettre de Pierret qui me disait :

« Votre mère vient d’être envahie subitement par une maladie très grave. Elle le sent, et la terreur de la mort empire son mal. Ne venez pas avant quelques jours. Il nous faut ce temps-là pour la préparer