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proviseur refusait d’assumer sur lui la responsabilité de le reprendre. La méfiance de son père exaspérait la maladie de Maurice. Ce qui lui était le plus sensible, à lui qui n’avait jamais menti, c’était de pouvoir être soupçonné de mensonge. Chaque reproche sur sa pusillanimité, chaque doute sur la réalité de son mal, enfonçaient un aiguillon dans ce pauvre cœur malade. Il empirait visiblement, il n’avait plus de sommeil ; il était quelquefois si faible qu’il me fallait le porter dans mes bras pour le coucher. Une consultation signée Levrault, médecin du collége Henri IV, Gaubert, Marjolin et Guersant (ces deux derniers m’étaient inconnus et ne pouvaient être soupçonnés de complaisance), ne convainquit pas M. Dudevant. Enfin, après quelques semaines de terreurs et de larmes, nous fûmes réunis l’un à l’autre pour toujours, mon enfant et moi. M. Dudevant voulut le garder toute une nuit chez lui pour se convaincre qu’il avait le délire et la fièvre. Il s’en convainquit si bien qu’il m’écrivit dès le matin de venir vite le chercher. J’y courus. Maurice, en me voyant, fit un cri, sauta pieds nus sur le carreau et vint se cramponner à moi. Il voulait s’en aller tout nu.

Nous partîmes pour Nohant dès que la fièvre fut un peu calmée. J’étais effrayée de l’éloigner des soins de Gaubert, qui venait le voir trois fois par jour ; mais Gaubert me criait de l’emmener. L’enfant avait le mal du pays. Dans ses