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Je n’avais ni le moyen de vivre à Paris ni le goût d’une vie aussi animée, mais je fus forcée d’y passer l’hiver : Maurice tomba malade. Le régime du collége, auquel pendant une année il avait paru vouloir se faire, redevint tout à coup mortel pour lui, et, après de petites indispositions qui paraissaient sans gravité : les médecins s’aperçurent d’un commencement d’hypertrophie au cœur. Je me hâtai de l’emmener chez moi ; je voulais l’emmener à Nohant ; M. Dudevant, alors à Paris, s’y opposa. Je ne voulus pas lutter contre l’autorité paternelle, quelques droits que j’eusse pu faire valoir. Je devais avant tout à mon fils de ne pas lui enseigner la révolte. J’esperai vaincre son père par la douceur et lui faire toucher l’évidence.

Cela fut très difficile pour lui et horriblement douloureux pour moi. Les personnes qui ont le bonheur de jouir d’une excellente santé ne croient pas facilement aux maux qu’elles ne connaissent point. J’écrivis à M. Dudevant, je le reçus, j’allai chez lui, je lui confiai Maurice de temps en temps pour qu’il s’assurât de sa maladie : il ne voulait rien entendre ; il croyait à une conspiration de la tendresse maternelle excessive caressant la faiblesse et la paresse de l’enfance. Il se trompait cruellement. J’avais fait contre les pleurs de Maurice et contre mes propres terreurs tous les efforts possibles. Je voyais bien qu’en se soumettant l’enfant périssait. D’ailleurs, le