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Après deux mois de courses intéressantes et de charmantes relations avec mes amis de Genève, nous revînmes tous à Paris. J’y passai quelque temps en hôtel garni, ma mansarde du quai Malaquais étant à peu près tombée en ruines, et le propriétaire ayant expulsé ses locataires pour cause de réparations urgentes. J’avais quitté cette chère mansarde, déjà toute peuplée de mes songes décevans et de mes profondes tristesses, avec d’autant plus de regret que le rez-de-chaussée, mon atelier solitaire, sorti de ses décombres et redevenu un riche appartement, était occupé par une femme excellente, la belle duchesse de Caytus, mariée en secondes noces à M. Louis de Rochemur. Ils avaient deux petites filles adorables, et là où il y a des enfans il est facile de m’attirer. Je fus doucement retenue chez eux, malgré ma sauvagerie, par une sympathie réelle inspirée et partagée. Je les voyais donc très souvent, ce voisinage allant à mes habitudes sédentaires. Je n’avais que l’escalier à descendre. C’est chez eux que j’ai vu pour la première fois M. de Lamartine. J’y rencontrai aussi M. Berryer.

À l’hôtel de France, où Mme d’Agoult m’avait décidée à demeurer près d’elle, les conditions d’existence étaient charmantes pour quelques jours. Elle recevait beaucoup de littérateurs, d’artistes et quelques hommes du monde intelligent. C’est chez elle ou par elle que je fis connaissance