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raisons, auxquelles je cédai pourtant à regret. J’avais le pressentiment d’une nouvelle lutte. On me disait en vain que l’éducation en commun était nécessaire, fortifiante pour le corps et pour l’esprit ; il ne me semblait pas qu’elle convînt à Maurice, et je ne me trompais pas. Je cédai, craignant de prendre pour la science de l’instinct maternel une faiblesse de cœur dangereuse à l’objet de ma sollicitude. M. Dudevant ne paraissait vouloir élever aucune contestation sur l’emploi des vacances. Il promettait de m’envoyer Maurice aussitôt qu’elles seraient ouvertes, et il tint parole.

J’embrassai l’excellente Élisa et sa famille, qui m’avaient si bien aimée à première vue, Agasta, qui, le matin de mon procès, avait été entendre la messe à mon intention, les beaux enfans de la maison et les braves amis qui m’avaient entourée d’une sollicitude fraternelle. Je partis pour Nohant, où je rentrai définitivement avec Solange le jour de Sainte-Anne, patronne du village. On dansait sous les grands ormes, et le son rauque et criard de la cornemuse, si cher aux oreilles qu’il a bercées dès l’enfance, eût pu me paraître d’un heureux augure.


CHAPITRE CINQUIEME