Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/523

Cette page n’a pas encore été corrigée

de ce désistement, le jugement de La Châtre eut son plein effet sur le reste de ma vie.

Nous reprîmes alors l’ancien traité qu’il m’avait offert à Nohant et que ses malheureuses irrésolutions m’avaient forcé à rendre valide par une année de luttes amères, inutiles s’il eût consenti à ne pas varier.

Cet ancien traité, qui fit base pour le nouveau, lui attribuait le soin de payer et surveiller l’éducation de Maurice au collége. Sur ce point, du moment que nous retombions d’accord, je ne craignais plus d’être séparée de mon fils. Mais l’aversion de Maurice pour le collége pouvait revenir, et ce n’est pas sans peine que je me décidai à ne pas faire de réserves. Éverard, Duteil et Rollinat me remontrèrent que tout pacte devait entraîner réconciliation de cœur et d’esprit ; qu’il y allait de l’honneur de mon mari d’employer une part du revenu que je lui faisais à payer l’éducation de son fils ; que Maurice était bien portant, travaillait passablement et paraissait habitué au régime universitaire ; qu’il avait déjà douze ans, et que dans bien peu d’années la direction de ses idées et le choix de sa carrière appartiendraient fort peu à ses parens et beaucoup à lui-même ; que dans tous les cas, sa passion pour moi ne devait guère m’inspirer d’inquiétudes, et que Mme Dudevant, la baronne, n’aurait pas beau jeu à vouloir m’enlever son cœur et sa confiance. C’étaient de très bonnes