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avez Maurice et Solange. Levez-vous vite pour remercier Éverard qui arrive et qui a fait pleurer toute la ville. »

Il y eut encore tentative de transaction avec M. Dudevant pendant que je retournais à Paris ; mais ses conseils ne lui laissaient pas le loisir d’entendre raison. Il forma appel devant la cour de Bourges. Je revins habiter La Châtre.

Quoique je fusse choyée et heureuse autant que possible dans la famille de Duteil, j’y souffrais un peu du bruit des enfans qui se levaient à l’heure où je commençais à m’endormir, et de la chaleur que l’étroitesse de la rue et la petitesse de la maison rendaient accablante. Passer l’été dans une ville, c’est pour moi chose cruelle. Je n’avais pas seulement une pauvre petite branche de verdure à regarder. Rozane Bourgoing m’offrit une chambre chez elle, et il fut convenu que les deux familles se réuniraient tous les soirs.

M. et Mme Bourgoing, avec une jeune sœur de Rozane qu’ils traitaient comme leur enfant, et qui était presque aussi belle que Rozane, occupaient une jolie maison avec un jardinet perché en terrasse sur un précipice. C’était l’ancien rempart de la ville, et par là on voyait la campagne, on y était. L’Indre coulait, sombre et paisible, sous des rideaux d’arbres magnifiques et s’en allait, le long d’une vallée charmante, se perdre dans la verdure. Devant moi, sur l’autre