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nécessaires, et fourni que les preuves strictement exigées par la loi. Il connaissait pourtant le Code mieux que moi : il avait été reçu avocat ; mais jamais sa pensée, éprise d’immobilité dans l’autorité, n’avait voulu s’élever à la critique morale des lois, et par conséquent prévoir leurs funestes conséquences.

Il répondait donc à une enquête où l’on n’avait trahi que des faits dont il aimait à se vanter, par des imputations dont j’aurais frémi de mériter la cent millième partie. Son avoué se refusa à lire un libelle. Les juges se seraient refusés à l’entendre.

Il allait donc au delà de l’esprit de la loi, qui permet à l’époux offensé par des reproches, de motiver les procédés acerbes dont on l’accuse, par de violens sujets de plainte. Mais la loi qui admet le moyen de défense dans un procès où l’époux demande la séparation à son profit ne saurait l’admettre comme acte de vengeance dans une lutte où il repousse la séparation. Elle la prononce d’autant plus en faveur de la femme qui s’est déclarée offensée, que ce moyen est la pire des offenses : c’est ce qui arriva.

Je n’étais pourtant pas tranquille sur l’issue de ce débat. J’aurais voulu, moi, dans un premier moment d’indignation, que mon mari fût autorisé à faire la preuve des griefs qu’il articulait. Éverard, qui devait plaider pour moi, repoussait l’idée d’un pareil débat. Il avait raison,