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légitime, on convient qu’il a eu tort de s’emporter contre elle, mais enfin, faire acte d’autorité absolue dans la maison est le droit du mari, et pour peu qu’il y eût mis des formes, tout son sexe lui eût donné raison plus ou moins ; et, en fait, il peut avoir subi les entraînemens de certaines intempérances, et n’en être pas moins un galant homme à tous autres égards.

Telle n’est pas la position de la femme accusée d’adultère. On n’attribue à la femme qu’un seul genre d’honneur. Infidèle à son mari, elle est flétrie et avilie, elle est déshonorée aux yeux de ses enfans, elle est passible d’une peine infamante, la prison. Voilà ce qu’un mari outragé qui veut soustraire ses enfans à de mauvais exemples est forcé de faire quand il demande la séparation judiciaire. Il ne peut se plaindre ni d’injures, ni de mauvais traitemens. Il est le plus fort, il en a les droits, on lui rirait au nez s’il se plaignait d’avoir été battu. Il faut donc qu’il invoque l’adultère et qu’il tue moralement la femme qui porte son nom. C’est peut-être pour lui éviter la nécessité de ce meurtre moral que la loi lui concède le droit de meurtre réel sur sa personne.

Quelles solutions aux malheurs domestiques ! Cela est sauvage, cela peut tuer l’âme de l’enfant condamné à contempler la durée du désaccord de ses parens ou à en connaître l’issue.

Mais ceci n’est rien encore, et l’homme est