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dire à celui-ci une nécessité de poursuivre la lutte. Il se trouvait qu’elle me détestait affreusement sans que j’aie jamais su pourquoi. Peut-être éprouvait-elle, à la veille de sa mort, ce besoin de détester quelqu’un qui, le jour de sa mort, devint un besoin de détester tout le monde, mon mari tout le premier. Quoi qu’il en soit, elle mettait alors, m’a-t-on dit, pour condition à son héritage, la résistance de son beau-fils à toute conciliation avec moi.

Mon mari, je le répète, s’y prit mal. Voulant repousser la séparation, il imagina de présenter au tribunal une requête dictée, on eût pu dire rédigée par deux servantes que j’avais chassées, et qu’un célèbre avocat ne le détourna pas de prendre pour auxiliaires. Les conseils de cet avocat sont quelquefois funestes. Un fait récent, qui a pour jamais déchiré mon âme sans profit pour sa gloire, à lui, me l’a cruellement prouvé.

Quant à son intervention dans mes affaires conjugales, elle ne servit qu’à rendre amère une solution qui eût pu être calme. Elle éclaira plus qu’il n’était besoin la conscience des juges. Ils ne comprirent pas qu’en me supposant de si étranges torts envers lui et envers moi-même, mon mari voulût renouer notre union. Ils trouvèrent l’injure suffisante, et, annulant les motifs de leur premier jugement pour vice de forme dans la procédure, ils le renouvelèrent le 11 mai 1836, absolument dans les mêmes termes.