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qu’elle peut être douce et se renfermer dans le petit horizon de notre petite ville, si Casimir écoute mes conseils. Je vois ceux qu’il faut lui donner dans son intérêt, et je pense maintenant pouvoir me faire fort de le persuader. Voilà ! »

— Et comme nous escaladions le petit pont en dos d’âne qui entre en ville, il allongea un coup de fouet au cheval en disant avec la gaieté ranimée :

« Allons ! enlevons Hermione ! »

Le 16 février 1836, le tribunal rendit un jugement de séparation en ma faveur. M. Dudevant y fit défaut, ce qui nous fit croire à tous qu’il acceptait cette solution. Je pus aller prendre possession de mon domicile légal à Nohant. Le jugement me confiait la garde et l’éducation de mon fils et de ma fille.

Je me croyais dispensée de pousser plus loin les choses. Mon mari écrivait à Duteil de manière à me le faire espérer. Je passai quelques semaines à Nohant dans l’attente de son arrivée au pays pour notre liquidation, et nos arrangemens. Duteil se chargeait de faire pour moi toutes les concessions possibles, et je devais, pour éviter toute rencontre irritante, me rendre à Paris dès que M. Dudevant viendrait à La Châtre.

J’eus donc à Nohant quelques beaux jours d’hiver, où je savourai pour la première fois depuis la mort de ma grand’mère les douceurs d’un recueillement que ne troublait plus aucune note discordante. J’avais, autant par économie que par