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Nous avions emporté un petit panier pour goûter sous l’ombrage. Nous ne rentrâmes qu’à la nuit. Le lendemain, les enfants partirent avec M. Dudevant, qui avait passé la nuit à la Châtre et qui ne demanda pas à me voir.

J’étais décidée à n’avoir plus aucune explication avec lui ; mais je ne savais pas encore par quel moyen j’éviterais cette inévitable nécessité domestique. Mon ami d’enfance Gustave Papet vint me voir ; je lui racontai l’aventure, et nous partîmes ensemble pour Châteauroux.

« Je ne vois de remède absolu à cette situation, me dit Rollinat, qu’une séparation par jugement. L’issue ne m’en paraît pas douteuse ; reste à savoir si tu en auras le courage. Les formes judiciaires sont brutales, et, faible comme je te connais, tu reculeras devant la nécessité de blesser et d’offenser ton adversaire. »

Je lui demandai s’il n’y avait pas moyen d’éviter le scandale des débats ; je me fis expliquer la marche à suivre, et quand il l’eut fait, nous reconnûmes que, mon mari laissant prendre un jugement par défaut, sans plaidoiries et sans publicité, la position qu’il avait réglée lui-même, par contrat volontaire, resterait la même pour lui, puisque telle était mon intention, avec cet avantage essentiel pour moi de rendre la convention légale, c’est-à-dire réelle.

Mais sur tout cela Rollinat voulait consulter Éverard. Nous retournâmes avec lui à Nohant