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fait, c’est-à-dire ma dignité vis-à-vis de mes enfants, ou ma vie, à laquelle je ne tenais pas beaucoup, mais que je leur devais également.

Dès le matin, M. Dudevant alla à la Châtre. Il n’était plus sédentaire comme il avait été longtemps. Il s’absentait des journées, des semaines entières. Il n’aurait pas dû trouver mauvais qu’au moins, pendant les vacances de Maurice, je fusse là pour garder la maison et les enfants. Je sus par les domestiques que rien n’était changé dans ses projets ; il devait partir le jour suivant, le 21, pour Paris et reconduire Maurice au collége, Solange à sa pension. Cela avait été convenu ; je devais les rejoindre au bout de quelques jours ; mais les nouvelles circonstances me firent changer de résolution. Je décidai que je ne reverrais mon mari ni à Paris ni à Nohant, et que je ne l’y reverrais pas même avant son départ. Je serais sortie de la maison tout à fait si je n’eusse pas voulu passer avec Maurice le dernier jour de ses vacances. Je pris un petit cheval et un mauvais cabriolet, il n’y avait pas de domestique à mes ordres ; je mis mes deux enfants dans ce modeste véhicule, et je les menai dans le bois de Vavray, un endroit, charmant alors, d’où, assis sur la mousse, à l’ombre des vieux chênes, on embrassait de l’œil des horizons mélancoliques et profonds de la vallée Noire.

Il faisait un temps superbe. Maurice m’avait