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ainsi tes intérêts, ajoutait-il, c’est un tort envers tes enfants, » etc.

À cette époque mon frère n’habitait plus Nohant, mais il faisait de fréquents voyages au pays.

Je crus devoir suivre son conseil, et je trouvai en effet M. Dudevant disposé à quitter le Berry et à me laisser les charges et les profits de la résidence. En même temps qu’il prenait cette résolution il me témoignait tant de dépit, que je n’insistai pas et m’en allai encore une fois, n’ayant pas le courage d’entamer une lutte pour de l’argent. Cette lutte devint nécessaire, inévitable quelques semaines plus tard. Elle eut des motifs plus sérieux, elle devint un devoir envers mes enfants d’abord, ensuite envers mes amis et mon entourage, et peut-être aussi envers la mémoire de ma grand’mère, dont l’éternelle préoccupation et les dernières volontés se trouvaient trop ouvertement violées aux lieux mêmes qu’elle m’avait transmis pour abriter et protéger ma vie.

Le 19 octobre 1835, j’avais été passer à Nohant la fin des vacances de Maurice. À la suite d’un orage que rien n’avait provoqué, rien absolument, pas même une parole ou un sourire de ma part, j’allai m’enfermer dans ma petite chambre. Maurice m’y suivit en pleurant. Je le calmai en lui disant que cela ne recommencerait pas. Il se paya des consolations que l’on donne aux enfants en paroles vagues ; mais, dans ma