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de tout ce qui est à la portée de tous. Il n’était pas difficile d’ailleurs, l’excellent homme, sur l’esprit de ses interlocuteurs. On l’amusait avec un rien. Une niaiserie, un enfantillage le faisaient rire. Et comme il riait ! Il riait comme Éverard, jusqu’à en être malade, mais plus souvent et plus facilement que lui. Il a écrit quelque part que les pleurs sont le lot des anges et le rire celui de Satan. L’idée est belle là où elle est, mais dans la vie humaine le rire d’un homme de bien est comme le chant de sa conscience. Les personnes vraiment gaies sont toujours bonnes, et il en était justement la preuve.

Je n’allai donc pas à la Chenaie. Je revins sur mes pas, je rentrai à Paris, et j’y reçus une lettre de mon frère qui me disait d’aller à Nohant. Il prenait alors mon parti et se faisait fort de décider mon mari à m’abandonner sans regret l’habitation et le revenu de ma terre. « Casimir, disait-il, est dégoûté des ennuis de la propriété et des dépenses que celle-là exige. Il n’y sait pas suffire. Toi, avec ton travail, tu pourrais t’en tirer. Il veut aller vivre à Paris ou chez sa belle-mère dans le Midi : il se trouvera plus riche avec la moitié de vos revenus et la vie de garçon, qu’il ne l’est dans ton château,…… »

etc. Mon frère, qui prit plus tard le parti de mon mari contre moi, s’exprimait là avec beaucoup de liberté et de sévérité sur la situation de Nohant en mon absence.

« Tu ne dois pas abandonner