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nuage, comme lui dans son grand soleil, car nous étions égaux, j’ose le dire, en candeur et en bonne volonté. Sur ce terrain-là, Dieu admet tous les hommes à la même communion.

Je ferai ailleurs l’histoire de mes petites dissidences avec lui, non plus pour me raconter, mais pour le montrer, lui, sous un des aspects de sa rudesse apostolique, soudainement tempérée par sa suprême équité et sa bonté charmante. Il me suffira de dire, quant à présent, qu’il daigna d’abord en quelques entretiens très courts, mais très pleins, m’ouvrir une méthode de philosophie religieuse qui me fit une grande impression et un grand bien, en même temps que ses admirables écrits rendirent à mon espérance la flamme prête à s’éteindre.

Je parlerai de M. Pierre Leroux avec la même concision pour le moment et pour le même motif, c’est-à-dire que, pour n’en pas parler à demi, j’en parlerai très peu ici, et seulement par rapport à moi dans le temps que je raconte.

C’était quelques semaines avant ou après le procès d’avril. Planet était à Paris, et, toujours préoccupé de la question sociale, au milieu des rires que son mot favori soulevait autour de lui, il me prenait à part et me demandait, dans le sérieux de son esprit et dans la sincérité de son âme, de lui résoudre cette question. Il voulait juger l’époque, les événemens, les hommes, Éverard lui-même, son maître chéri : il voulait juger sa