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toujours l’un à l’autre. Ils construisaient ensemble une nouvelle église, belle, savante, étayée selon les règles de la philosophie. Et c’était merveille de voir comment l’architecte inspiré faisait plier la lettre de ses anciennes croyances à l’esprit de sa nouvelle révélation. Qu’y avait-il de changé ? Rien selon lui. Je lui ai entendu dire naïvement à diverses époques de sa vie :

« Je défie qui que ce soit de me prouver que je ne suis pas catholique aussi orthodoxe aujourd’hui que je l’étais en écrivant l’Essai sur l’indifférence. »

Et il avait raison pour son compte. Au temps où il avait écrit ce livre, il n’avait pas vu le pape debout à côté du czar bénissant les victimes. S’il l’eût vu, il eût protesté contre l’impuissance du pape, contre l’indifférence de l’Église en matière de religion. Qu’y avait-il de changé dans les entrailles et dans la conscience du croyant ? Rien, en vérité. Il n’abandonnait jamais ses principes, mais les conséquences fatales ou forcées de ces principes.

Maintenant, dirons-nous qu’il y avait en lui une réelle inconséquence dans ses relations de tous les jours, dans ses engouemens, dans sa crédulité, dans ses soudaines méfiances, dans ses retours imprévus ? Non, bien que nous ayons quelquefois souffert de sa facilité à subir l’influence passagère de certaines personnes qui exploitaient son affection au profit de leur vanité ou de leurs rancunes, nous ne dirons pas que