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je m’approchai très humblement de deux des plus grandes intelligences de notre siècle, M. Lamennais et M. Pierre Leroux. J’avais projeté de consacrer un long chapitre de cet ouvrage à chacun de ces hommes illustres ; mais les bornes de l’ouvrage ne peuvent être reculées à mon gré, et je ne voudrais pas écourter deux sujets aussi vastes que ceux de leur philosophie dans l’histoire et de leur mission dans le monde des idées. Cet ouvrage-ci est la préface étendue et complète d’un livre qui paraîtra plus tard, et où, n’ayant plus à raconter ma propre histoire dans son développement minutieux et lent, je pourrai aborder des individualités plus importantes et plus intéressantes que la mienne propre.

Je me bornerai donc à esquisser quelques traits des imposantes figures que j’ai rencontrées dans la période de mon existence contenue dans ce livre et à dire l’impression qu’elles firent sur moi.

J’allais alors cherchant la vérité religieuse et la vérité sociale dans une seule et même vérité. Grâce à Éverard, j’avais compris que ces deux vérités sont indivisibles et doivent se compléter l’une par l’autre, mais je ne voyais encore qu’un épais brouillard faiblement doré par la lumière qu’il voilait à mes yeux. Un jour, au milieu des péripéties du procès monstre, Liszt, qui était reçu avec bonté par M. Lamennais, le fit consentir à monter jusqu’à mon grenier de poète.