Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/456

Cette page n’a pas encore été corrigée

savant et parfaitement aimable. Mes autres amis étaient républicains ; et, malgré l’agitation du moment, jamais aucune discussion politique ne troubla le bon accord et les douces relations de la mansarde.

Un jour, une femme d’un grand cœur, qui m’était chère, Mme Julie Beaune vint me voir.

« On s’agite beaucoup dans Paris, me dit-elle. On vient de tirer sur Louis-Philippe. »

C’était la machine Fieschi. Je fus très inquiète ; Maurice était sorti avec Charles d’Arragon, qui l’avait mené justement voir passer le roi chez la comtesse de Montijo. Je craignais qu’au retour ils ne se trouvassent dans quelque bagarre. J’allais y courir, quand d’Arragon me ramena mon collégien sain et sauf. Pendant que j’interrogeais le premier sur l’événement, l’autre me parlait d’une charmante petite fille avec laquelle il prétendait avoir parlé politique. C’était la future impératrice des Français. Ce mot d’enfant m’en rappelle un autre. Maurice, un an plus tard m’écrivait :

« Montpensier (le jeune prince était au collége Henri IV), m’a invité à son bal, malgré mes opinions politiques. Je m’y suis bien amusé. Il nous a tous fait cracher avec lui sur la tête des gardes nationaux[1]. »

C’est dans le courant de cette année-là que

  1. En se livrant à ce divertissement, le petit prince et ses jeunes invités étaient sur une galerie au-dessous de laquelle passaient les bonnets à poil.