Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

était un peu à moi, puisqu’il disait n’avoir plus rien à lui. Je me résignai à garder le silence et à attendre qu’il ouvrît les yeux.

Cela ne tarda pas. Dans un jour de dégoût de son entourage, il me dit que Nohant le ruinait, qu’il y éprouvait des chagrins personnels, qu’il s’y ennuyait au milieu de ses loisirs, et qu’il était prêt à m’en laisser la jouissance et l’entretien. Il voulait aller vivre à Paris ou dans le Midi avec le reste de nos revenus, qu’il évaluait alors à sept mille francs. J’acceptai. Il rédigea nos conventions, que je signai sans discussion aucune ; mais, dès le lendemain, il me témoigna tant de regret et de déplaisir que je partis pour Paris en lui laissant le traité déchiré et en remettant mon sort à la providence des artistes, au travail.

Ceci s’était passé au mois d’avril. Mon voyage à Nohant en juin n’améliora pas la position. M. Dudevant persistait à quitter Nohant. Cette idée prenait plus de consistance quand j’y retournais ; mais, comme elle était accompagnée de dépit, je m’en allai encore sans rien exiger.

Éverard était retourné à Bourges. Je vécus à Paris tout à fait cachée pendant quelque temps. J’avais un roman à faire, et comme je mourais de chaud dans ma mansarde du quai Malaquais, je trouvai moyen de m’installer dans un atelier de travail assez singulier. L’appartement du rez-de-chaussée était en réparation, et les réparations