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conscience de mon mari ne pouvait pas, ne devait pas être bien satisfaite.

Il le reconnaissait. Mon frère le pressait de me donner six mille francs par an. Il lui en serait resté à peu près dix en comptant son propre avoir. C’était de quoi vivre à Nohant, et y vivre seul, puisque tel était son désir. M. Dudevant s’était rendu à ce conseil ; il avait donc promis de doubler ma pension ; mais quand il avait été question de le faire, il m’avait déclaré être dans l’impossibilité de vivre à Nohant avec ce qui lui restait. Il fallut entrer dans quelques explications et me demander ma signature pour sortir d’embarras financiers qu’il s’était créés. Il avait mal employé une partie de son petit héritage, il ne l’avait plus. Il avait acheté des terres qu’il ne pouvait payer ; il était inquiet, chagrin. Quand j’eus signé, les choses n’allèrent pas mieux, selon lui. Il n’avait pas résolu le problème qu’il m’avait donné à résoudre quelques années auparavant ; ses dépenses excédaient nos revenus. La cave seule en emportait une grosse part, et, pour le reste, il était volé par des domestiques trop autorisés à le faire. Je constatai plusieurs friponneries flagrantes, croyant lui rendre service autant qu’à moi-même. Il m’en sut mauvais gré. Comme Frédéric-le-Grand, il voulait être servi par des pillards. Il me défendit de me mêler de ses affaires, de critiquer sa gestion et de commander à ses gens. Il me semblait que tout cela