Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/450

Cette page n’a pas encore été corrigée

et le parallèle qui fut établi entre eux au désavantage de l’un des deux ne diminua en rien la tendresse et la vénération de celui-ci pour l’autre.

« Trélat est un saint, disait Éverard, et je ne le vaux pas. »

Cela était vrai : mais, pour la dire sincèrement en pareille circonstance, il fallait encore être très grand soi-même.

Éverard fut assez gravement malade. La preuve qu’il n’avait pas été aussi agréable à la pairie que quelques adversaires le prétendaient, c’est que la pairie procéda très brutalement avec lui en le sommant de se faire écrouer mort ou vif. Je réclamai pour lui, à son insu, auprès de M. Pasquier, qui voulut bien faire envoyer le médecin délégué d’office en ces sortes de constatations.

Ce médecin procéda à l’interrogatoire d’Éverard d’une manière blessante, feignant de prendre la maladie pour une feinte et le retard demandé par moi pour un danger. Peu s’en fallut qu’Éverard ne fît manquer l’objet de ma démarche, car, en voyant arriver le médecin du pouvoir d’un air rogue, il répondit brusquement qu’il n’était pas malade et refusa de se laisser examiner. Pourtant j’obtins que le pouls fût consulté, et la fièvre était si réelle et si violente que l’Esculape monarchique se radoucit aussitôt, honteux peut-être d’une insulte toute gratuite et assez inintelligente ; car quel est le condamné à un mois de prison qui préférerait la fuite ? Je vis par ce petit