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d’une manière si conforme à mon sentiment, à mon souvenir, à ma conscience et à ma propre expérience, que je ne saurais y rien ajouter.

Acteur perdu et ignoré, mais vivant et palpitant dans ce drame, je ne suis ici que le biographe d’un homme qui y joua un rôle actif, et, faut-il le dire, problématique en apparence, parce que l’homme était incertain, impressionnable et moins politique qu’artiste.

On sait qu’un grand débat s’était élevé entre les défenseurs : débat ardent, insoluble sous la pression des actes précipités de la pairie. Une partie des accusés s’entendait avec ses défenseurs pour n’être pas défendue. Il ne s’agissait pas de gagner le procès judiciaire et de se faire absoudre, par le pouvoir ; il s’agissait de faire triompher la cause générale dans l’opinion en plaidant avec énergie le droit sacré du peuple devant le pouvoir de fait, le droit du plus fort. Une autre catégorie d’accusés, celle de Lyon, voulait être défendue, non pas pour proclamer sa non-participation au fait dont on l’accusait, mais pour apprendre à la France ce qui s’était passé à Lyon, de quelle façon l’autorité avait provoqué le peuple, de quelle façon elle avait traité les vaincus, de quelle façon les accusés eux-mêmes avaient fait ce qui était humainement possible pour prévenir la guerre civile et pour en ennoblir et en adoucir les cruels résultats. Il s’agissait de savoir si l’autorité avait eu le droit de prendre quelques provocations